Conférences de Mme Ginette KOLINKA

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A l’initiative d’Emma DUPAS, élève de Terminale à Saint-Paul et de deux enseignants ( Mme Vergne et M. Silva Alves ), Mme Ginette Kolinka, ressortissante des camps de concentration, vient à la rencontre des élèves de Terminale.

Présentation de Mme KOLINKA

Madame KOLINKA est issue d’un famille juive non pratiquante. Son grand-père paternel est russe mais va rejoindre la France. De son nom de jeune fille Ginette CHERKASKY, elle naît en 1925 et grandit à Paris. Une tentative pour passer en zone libre se solde par une arrestation et un séjour en prison à Angoulême. En 1942, la famille s’installe à Avignon. Dénoncée, Ginette est arrêtée avec son père, son frère Gilbert et son neveu Georges.

Le frère et le neveu de Ginette KOLINKA
Gilbert Cherkasky et Georges Marcou

Ils sont alors emprisonnés à Marseille puis dans le camps de Drancy. Le 13 avril 1944 ils montent dans le train qui les conduit à Birkenau (convoi n°71). A peine arrivés, Ginette raconte que les Nazis commencent par trier les prisonniers : les enfants en-dessous de 15 ans et les personnes malades ou trop âgées sont directement exterminées. Ginette pense que pour son frère et son père ce sera mieux d’attendre la navette promise par les nazis plutôt que de marcher, mais celle-ci les conduira à la mort. Aujourd’hui encore Mme KOLINKA regrette de leur avoir conseillé de la prendre. Et cependant elle dit : “c’est moi qui ai envoyé papa et Gilbert à la mort”. Elle ne pouvait pas savoir…

https://www.yadvashem.org/fr/shoah/a-propos/solution-finale/camp-dextermination-dauschwitz-birkenau.html

Humiliation et travail

Ginette raconte l’arrivée au camp et les humiliations subies par les femmes déportées avec elle. Le groupe est contraint de se déshabiller entièrement :

Nous ne nous connaissions pas. C’est très difficile de se retrouver nue ainsi, j’essayais avec une main de cacher mes seins, avec l’autre de cacher mon sexe.

Une femme, une “Kappo” se saisit de son bras et y tatoue son matricule : 78599 ainsi qu’un triangle. Ginette signera chacune de ses dédicaces de ce même matricule qu’elle ne fera jamais effacer. On les conduit à la douche où elles sont toutes sous un pommeau d’où coule une eau d’abord brûlante puis glacée. Pas question de savon ni de serviette pour s’essuyer. Les habits sont récupérés au hasard dans des valises :

Ce ne sont pas les plus beaux bien sûr et ils ne sont pas à notre taille. Pour les chaussures c’est pareil, une jeune fille qui devait chausser du 34 se retrouve avec du 38.

Elle raconte aussi les conditions d’hébergement, la boue, la nourriture : “un morceau de pain noir avec un peu de margarine pour la journée”. Côté travail, Ginette doit casser puis transporter des cailloux. Elle rencontre Simone VEIL qui lui offre une robe. Une amitié naît entre les deux femmes. En novembre 1944 c’est à Bergen-Belsen qu’elle est transférée puis, en 1945, vers le camp de Theresienstadt. En mai 1945 l’Europe nazie s’effondre et les déportés sont libérés.

https://www.un.org/fr/conferences

Devoir de mémoire

Ginette rentre chez elle seule et à bout de force. Sa mère et ses sœurs l’accueillent :

Je suis tombée dans les bras de ma mère. Je ne crois pas que j’ai pleuré ; je ne savais plus pleurer.

Sa mère raconte que quelqu’un lui a dit que son mari et son fils allaient rentrer. Ginette ne peut faire autrement que d’annoncer “froidement” qu’ils ne reviendront pas car ils sont morts. C’est à sa famille que Ginette doit d’avoir tenu le coup après l’horreur des camps et la barbarie nazie.

Pendant plus de 50 ans Ginette ne veut pas raconter son histoire ; elle craint “d’embêter les gens”. Un jour de mars 1994 sort le film “La liste de Schindler” et elle est contactée par l’équipe du film pour témoigner. Elle refuse à plusieurs reprises mais l’insistance de son interlocuteur la fait céder. Elle raconte:

Je ne savais pas que j’avais tout cela dans ma tête, je ne pensais pas que ma mémoire reviendrait. Je ne sais pas comment il a fait mais, petit à petit, tout est remonté.

Depuis, elle n’arrête pas de rencontrer des élèves, des adultes, et de raconter tout ce qu’elle a vécu. Son témoignage touche nos élèves qui, à la fin de son intervention lui posent des questions. Ginette les félicite et, patiemment, répond à chacun. A plusieurs reprises elle leur dit :

Maintenant, c’est à vous d’en parler. Racontez à vos parents, à votre famille, à vos amis ce que vous avez entendu. Il ne faut pas que cela recommence, vous êtes des passeurs de mémoire. C’est la haine qui est à l’origine de cette horreur, ne l’oubliez jamais. Nous sommes tous des êtres humains, nous sommes tous égaux.

Dédicace de Ginette à l'un de nos élèves.

Nos élèves ont du mal à quitter Ginette et beaucoup sont venus avec un de ses livres qu’ils lui demandent de dédicacer. D’autres ont une simple feuille. Avec beaucoup de gentillesse elle s’exécute donnant parfois même une confiserie. Quelques-uns enfin demandent à prendre une photo avec elle ou échanger encore quelques mots, elle accepte. Pour tout cela : MERCI Mme KOLINKA.

Retrouvez ici l’intégralité de la conférence de Mme KOLINKA :

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